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Pourquoi tant de haine, Ellande ?

Je me souviens des propos de Mixel Berhocoirigoin, en avril 2018, à propos de la polémique soulevée par l’installation (provisoire ?) de la « hache retournée » sur l’esplanade Roland Barthe, à Baiona. Tu dois aussi t’en souvenir. « Il s'agit d'une œuvre de transition. D'une situation d'hier où il y a eu trop de souffrance, vers une situation nouvelle sans haine que l'on veut créer. Cet arbre symbolise ça. » disait-il. Oui, la sculpture de Koldobika Jauregi était censée représenter une hache retournée qui, plantée dans la terre basque, aurait donné naissance à un « arbre de vérité », un arbre de la réconciliation dont l’origine était le retournement du symbole de la hache, c’est-à-dire le dépôt des armes et l’autodissolution d’ETA. Si je t’ai bien compris, tu reproches à Alain Duzert d’avoir dénoncé, en conseil municipal, cette installation qu’il interprétait, lui qui nie l’existence d’un conflit historique entre le peuple basque et les États espagnol et français, lui qui semble haïr les abertzale au moins autant que tu le hais, lui, Alain Duzert, secrétaire général du PCF local a compris le symbolisme de cette statue comme une provocation à l’encontre des victimes d’ETA, comme une apologie du « terrorisme » (je résume sa pensée). Tu le sais aussi bien que moi, Alain n’est pas uniquement un hurluberlu anti-basque notoire. Il était loin d’être le seul à exprimer cet avis à l’extérieur du conseil municipal de Baiona. Les réactions, au Sud mais aussi ici, en Iparralde, et en France, ont été si virulentes que Jean René Etchegaray a dû se résoudre à désinstaller l’œuvre de toute urgence en bredouillant une justification qui n’aura convaincu personne (sauf toi peut-être ?).

Si je rebondis sur ce prétexte que tu évoques dans ta tribune, c’est pour m’expliquer avec toi à propos de l’instrumentalisation d’une autre haine, toute Enbata-abertzaléiste, en Pays basque nord, la haine historique à l’encontre du PS et, pire encore, du PCF. La haine du jacobinisme qui reproduit en miroir celle des anti-Basques de toutes obédiences. Ellande, pour te prémunir par avance face aux accusations d’anti-gauchiste primaire, à chacune de tes attaques contre le vote majoritaire de l’assemblée générale de BVS (dont tu es toujours membre à ce jour) au soir du 15 mars, tu prends l’exemple de ces abertzale-compatibles du PS ou du PCF qui, à Donibane Lohizune, ont accepté de se rallier au panache blanc de Paxkal Lafitte. Le PS ou le PCF seraient donc parvenus à rassembler des militants plus intelligents et plus ouverts à Donibane qu’à Baiona, si l’on-t-en croit. Exprimerais-tu le même jugement si le PS et le PCF faisaient 3 fois plus de voix que les abertzale et leur proposaient une fusion de second tour ? Es-tu vraiment convaincu que ces militants PS et PCF auraient renoncé au jacobinisme s’ils avaient su conserver une position hégémonique à gauche sur l’échiquier politique luzien ? Ben, pas moi. En tant que Luzien de naissance et de cœur, je peux t’assurer qu’il n’a pas dû être facile pour certaines et certains (que j’ai très bien connus) de mettre leur jacobinisme dans leur poche. A Donibane aussi, nous avions des « Duzert » et des « Etcheto » avec lesquels il nous fallait sans cesse ferrailler pour être reconnus et acceptés en tant qu’abertzale, je ne l’ai pas oublié. Par expérience, je sais que seules les personnes qui partagent, dans l’action collective, des vécus ou des engagements ponctuels ou sur le long terme, seuls ceux qui se regardent et s’écoutent avec intérêt peuvent un jour se comprendre, après des heures, des jours, des années parfois de confrontation, et se mettre d’accord pour construire ensemble un avenir commun, à durée indéterminée, of course. Bien entendu, ce chemin n’est pas uniquement pavé de bonnes intentions, tout au contraire, il est long, très long et tortueux, très dangereux, mortel... Mais nous n’avons pas réellement d’autre choix, ne nous mentons pas, c’est le chemin de notre communauté de destin dans laquelle nous Basques sommes aujourd’hui minoritaires. C’est le chemin que nos voisins ont choisi d’emprunter à Donibane et à Ziburu, mais aussi à Hendaia, tout du moins certains. Alors pourquoi pas nous à Baiona ? Baiona a besoin d’être gouverné à gauche, c’est ce que désirent majoritairement les habitants de notre belle cité-capitale. C’est ce que les abertzale de gauche voulons aussi. C’est ce que nous aurions dû dire à nos électrices et électeurs, et que nous n’avons manifestement pas dit assez clairement lors de cette campagne de 1er tour qui a débouché sur le malentendu actuel. Oui, Ellande, c’est là que réside le problème fondamental, notre manque de clarté sur notre engagement à gauche, non pas d’une manière théorique ou générale, mais à Baiona, pour Baiona et Euskal Herria, pour mettre en œuvre concrètement une vraie politique de gauche. L’ultra-jacobinisme des Etcheto et Duzert (entre autres) est un gros problème pour nous (peut-être moins pour les Bayonnaises et les Bayonnais en général) et nous devons réussir à le dénoncer efficacement pour qu’il devienne un réel problème politique pour celles et ceux qui pratiquent l’anti-basquisme. Pour que les PS et PCF locaux choisissent à leurs têtes des abertzale-compatibles, comme tu dis. Mais cela n’adviendra jamais si le peuple de Baiona continue à nous percevoir comme des diviseurs ou, pire, comme des suppôts d’Etchegaray et de la droite locale. Ce n’est surtout pas en continuant de diaboliser Etcheto et de sanctifier Etchegaray comme tu le fais que nous répondrons aux espoirs de la majorité des Bayonnaises et des Bayonnais, que nous réussirons à construire cette société basque sans haine que les Artisans de la paix appellent de leurs vœux. Laissons-nous une chance, Ellande, les cartes seront peut-être rebattues si nous pouvons rejouer le premier tour en septembre. Si nous réussissons le rassemblement avec Demain Bayonne – Bihar Baiona, la dynamique pourrait porter notre liste en tête à gauche et rendre possible l’élection de Jean Claude Iriart au siège de maire de Baiona. C’est ce que tu veux aussi, je crois. Faisons donc confiance à Jean Claude ! Quand il a choisi de s’engager en politique, en 2013, ce n’est sûrement pas pour faire de la figuration, et nous sommes nombreux à l’avoir tout de suite compris. Oui, nous pouvions espérer mieux que de nous compter, beaucoup mieux, nous avions enfin une tête de liste qui pouvait briguer le siège de maire et faire triompher nos idées en mettant la gauche au pouvoir. Jean Claude a patienté 6 ans, ne gaspillons pas sa si belle énergie ! Arrêtons ces « chamaillages » pathétiques (la haine ne doit pas l’emporter), enterrons donc définitivement cette hache de guerre et rassemblons-nous, pour faire gagner le projet d’une Baiona verte et solidaire !

 

 

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