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"Infodémie"

A qui faire confiance ? Quelle information peut-on considérer comme fiable ? Même si elle ressurgit de façon exacerbée en cette période de crise sanitaire mondiale, la question n’est pas nouvelle. En fait, elle est aussi vieille que l’humanité. Fabriquer et contrôler l’information des gouvernés a toujours été une préoccupation majeure pour les gouvernants et leurs gouvernements, quels qu’ils soient, « démocratiques » ou « autocratiques », plus ou moins libéraux, plus ou moins autoritaires...  Ce contrôle, jugé comme vital, comprend bien entendu la nécessité de discréditer les expressions « non-conformes » pour disqualifier les oppositions ou même parfois les simples critiques, le doute... Aux yeux et aux oreilles des « bien-pensants » de la communication, pour être crédible, une information ne peut trouver sa source ou sa validation qu’au sein du cercle fermé des médias mainstream dont les porte-plumes ou les porte-voix se cooptent de génération en génération. Tout autre média ne pourrait donc que véhiculer de la propagande ou pire, des « fake-news », de la désinformation, des mensonges, de l’intoxication à destination des gogos que nous sommes toutes et tous, tout du moins potentiellement.

Si Macron vient de proclamer la guerre au coronavirus, cela fait un bail déjà que l’ensemble des gouvernements occidentaux mènent une véritable croisade contre les « fake-news ». Mais la bataille est rude car lesdites « fake-news » trouvent leur médium au cœur même du système de l’information, sur ces réseaux-sociaux à la fois honnis et indispensables à la modernité. Bref, ce matin, c’est sur une vieille radio « joyeuse, savante et populaire » que j’ai entendu ce message officiel qui m’a provoqué une violente démangeaison entre les deux oreilles. Un message de l’Unesco. Vous connaissez l’Unesco, non ? Ben oui, tout le monde connait l’Unesco. Tout le monde apprécie l’Unesco et son travail au service de l’éducation, de la science et de la culture. Tout le monde aime l’Unesco. Presqu’autant que l’Unicef. Personne ne peut douter du bien-fondé d’une campagne de l’Unesco. Et là, aujourd’hui, la campagne de l’Unesco se veut au service de la vraie information, « contre la désinformation sur le COVID-19 » ; elle entend « aider à stopper les dommages causés par la soi-disant "infodémie" qui accompagne le virus ». L’Unesco rejoint la croisade contre les « fake-news ». Pour mieux comprendre, je suis allé voir sur le site internet de l’Unesco et j’y ai appris que l’organisation a mis à disposition des stations de radios du monde entier, 4 courts messages audios :

  • Le premier, celui que j’ai entendu ce matin, pour nous aider à « reconnaitre les sources d’information crédibles ».
  • Le deuxième, pour « éduquer nos enfants aux médias et à l’information ».
  • Le troisième, pour nous apprendre à nous « méfier des faux-experts ».
  • Et le quatrième, pour nous inviter à « mesurer nos émotions ».

Ces messages sont disponibles en 4 langues : Anglais, Arabe, Espagnol et Français. Je note que les Chinois ou les Russes ont tout intérêt à comprendre au moins l’une de ces 4 langues, sinon, ils continueront d’être victimes des « fake-news » (ou de la propagande de leurs gouvernements) sans pouvoir ni les reconnaitre ni s’en défendre. La vérité ne peut s’orthographier « pʁavda », c’est bien connu.

Revenons-en à cette démangeaison entre mes deux oreilles. Je me suis tout d’abord étonné qu’un message d’une telle teneur ne soit pas tout simplement signé par le gouvernement français, puisque j’étais connecté sur France Inter. Pourquoi l’Unesco supplée-t-elle donc les gouvernements dans ce type de communication, me demandai-je en me grattant le sommet du crâne. Parce que les gouvernements ne seraient plus crédibles à cause de toutes ces « fake-news » qui polluent les réseaux-sociaux, me dis-je, inquiet. Alors, l’Unesco qu’on aime tant ne pouvant nous mentir et encore moins tenter de nous manipuler, je ne peux que les croire. No problemo. On ne peut pas douter de tout, tout le temps, c’est vraiment trop invivable, et encore davantage aux temps du confinement. Alors je crois. OK. Pour une fois, je mets mon sens critique en quarantaine. Mais ça ne m’avance pas à grand-chose, de croire. Quand l’Unesco nous dit : « La désinformation comme le coronavirus, se propagent. Pour combattre la désinformation, il est important de partager des informations venant de sources fiables comme les autorités sanitaires et l'Organisation mondiale de la santé », OK, je veux bien essayer de suivre le conseil averti. Mais ces sources fiables tiennent depuis quelques mois des discours pour le moins évolutifs, à géométrie variable, comme dirait un expert de la navigation à vue sur France Info.  Comment re-croire des gens qu’on ne croyait plus parce que la preuve a été faite qu’ils se « trompaient » et nous trompaient par la même occasion ? Difficile de restaurer la confiance sans aucune preuve tangible de la sincérité ou de la bonne foi de nos gouvernants. En nous affirmant qu’il ne faut faire « confiance qu'aux sources d'informations officielles et aux médias crédibles », l’Unesco ne semble savoir que nous proposer la méthode Coué pour crédibiliser la voix de ses maîtres. La démangeaison me fout le feu entre les deux oreilles. Le virus de la désinformation approche de son pic… Je préfère retourner à mon confinement critique. Ceci est un message à l’adresse de l’Unesco.

 

 

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